Flèche vers le bas Enlighten your future
Flèche vers le bas Actualités

Lecture - 6 min.

27.05.2025

Régime des impatriés pour les travailleurs hautement qualifiés


Dans un environnement économique ouvert et concurrentiel, le Luxembourg s’efforce de consolider sa position en tant que destination de choix pour les talents internationaux. Afin de mieux répondre aux besoins du marché du travail et de favoriser l’installation de profils hautement qualifiés, le régime des impatriés a récemment fait l’objet d’une réforme. Celle-ci poursuit un double objectif : renforcer l’attractivité du pays et simplifier les modalités d’un dispositif déjà en place.

  1. Qu’est-ce qu’un salarié impatrié ?

Le salarié impatrié est une personne recrutée à l’étranger ou détachée par son employeur pour exercer une activité professionnelle au Luxembourg. Il ne faut pas le confondre avec le travailleur frontalier, qui réside dans un pays voisin mais travaille quotidiennement sur le territoire luxembourgeois.

Dans un marché du travail sous tension, les salariés hautement qualifiés occupent une place stratégique dans l’économie nationale. Leur expertise contribue directement à l’innovation, à la compétitivité des entreprises et au développement de secteurs clés tels que les nouvelles technologies, la finance ou encore la recherche.

2. Le nouveau régime fiscal en vigueur depuis 2025

a. Principales caractéristiques

Depuis le 1er janvier 2025, le Luxembourg applique un régime fiscal simplifié pour les salariés impatriés, visant à renforcer l’attractivité du pays pour les talents internationaux. Ce dispositif se distingue par les éléments suivants :

Exonération forfaitaire de 50 % : Le régime prévoit une exonération de 50 % de la rémunération annuelle brute, plafonnée à 400 000 euros. Cette exonération s'applique uniquement à la rémunération brute annuelle, hors avantages en nature et autres revenus déjà exemptés.

Durée d’application étendue : La durée maximale d'application du régime est de huit ans, offrant ainsi une stabilité fiscale sur une période prolongée.

Simplification du dispositif : Ce nouveau régime remplace l'ancien système basé sur la déductibilité de frais spécifiques (tels que les frais de déménagement, de logement ou de scolarité) par une approche forfaitaire, facilitant ainsi la gestion administrative pour les employeurs et les salariés.

b. Conditions d’éligibilité

Pour bénéficier du régime des impatriés, les salariés doivent remplir les conditions suivantes :

  • Résidence fiscale au Luxembourg : le salarié doit établir sa résidence fiscale au Grand-Duché au moment de son entrée en fonction.
  • Absence de lien fiscal ou professionnel récent : le salarié ne doit pas avoir été résident fiscal ni avoir exercé d’activité professionnelle au Luxembourg au cours des cinq années précédant son arrivée.
  • Distance géographique : le salarié doit avoir résidé à plus de 150 kilomètres de la frontière luxembourgeoise durant les cinq années précédant son installation.
  • Rémunération annuelle brute minimale : la rémunération annuelle brute doit être d’au moins 75 000 euros, hors avantages en nature et autres revenus déjà exemptés.
  • Exercice principal de l’activité au Luxembourg : le salarié doit exercer au moins 75 % de son temps de travail sur le territoire luxembourgeois.
  • Limitation au sein de l’entreprise : le nombre de salariés bénéficiant du régime ne peut dépasser 30 % de l’effectif total de l’entreprise.

Ces critères visent à cibler les profils véritablement internationaux, à éviter les effets d’aubaine, et à réserver l’avantage fiscal à des situations de mobilité réelle et stratégique pour l’économie luxembourgeoise.

c. Procédure d’application

L’application du régime des impatriés repose sur une démarche initiée par l’employeur. Celui-ci doit soumettre à l’Administration des Contributions Directes (ACD) une liste nominative des salariés qu’il souhaite faire bénéficier du régime. Cette démarche se fait sous la forme d’une déclaration groupée, incluant les informations nécessaires pour vérifier l’éligibilité de chaque salarié.

L’ACD procède ensuite à un contrôle a posteriori, afin de s’assurer du respect des conditions prévues. Aucun accord préalable n’est requis, mais les entreprises doivent conserver l’ensemble des pièces justificatives pendant toute la durée d’application du régime.

3. Comparaison avec l’ancien régime

 

Critères

Ancien régime (avant 2025)

Nouveau régime (depuis 2025)

Base de l’exonération

Frais spécifiques (déménagement, logement, scolarité, etc.)

Exonération forfaitaire de 50 % de la rémunération brute

Plafond d’exonération

Dépenses réellement engagées                 Pas de plafond forfaitaire

Plafond : rémunération annuelle brute max  400 000 €

Durée d’application

Maximum 5 ans                 (renouvelable dans certains cas)

Maximum 8 ans                        non renouvelable

Complexité administrative

Élevée                                         (justificatifs multiples requis)

Simplifiée                                (simple déclaration par l’employeur à l’ADC)

Choix pour les salariés déjà en poste

Non applicable

Option irrévocable possible pour Ancien régime ou Nouveau régime

         

 

Le nouveau régime des impatriés, en vigueur depuis le 1er janvier 2025, vise à rationaliser et simplifier un système auparavant jugé trop complexe et lourd administrativement. Alors que l’ancien dispositif reposait sur l’exonération de frais spécifiques et nécessitait de nombreux justificatifs, le nouveau mécanisme introduit une exonération forfaitaire de 50 %, dans une limite de 400 000 euros de rémunération brute.

Les salariés déjà en poste avant 2025 ont la possibilité de choisir entre l’ancien et le nouveau régime, mais cette décision est irrévocable une fois communiquée à l’administration

4. Impacts pour les employeurs et les salariés

Le régime des impatriés génère des effets concrets tant pour les salariés que pour les employeurs. Chacun y trouve des leviers adaptés à ses enjeux respectifs, en matière d’attractivité et de compétitivité.

a. Pour les salariés

Ce dispositif permet une hausse significative du revenu net, rendant l’installation au Luxembourg plus accessible et avantageuse pour les travailleurs hautement qualifiés. Dans un environnement où le coût du logement et de la vie peut représenter un frein, cet avantage contribue à faciliter la mobilité internationale et à encourager une intégration durable sur le marché du travail luxembourgeois.

b. Pour les employeurs

Pour les entreprises, le régime constitue un outil stratégique de recrutement, particulièrement utile dans les secteurs confrontés à une pénurie de compétences spécifiques. Il permet de proposer des conditions d’engagement plus attractives sans alourdir le cadre administratif. Toutefois, il peut créer des écarts fiscaux sensibles entre salariés. Il est donc essentiel d’anticiper les effets à long terme et de veiller à un traitement équitable en interne pour préserver la cohésion des équipes.

5. Comparaison avec les régimes fiscaux des pays voisins

Dans un environnement européen compétitif, plusieurs pays ont mis en place des régimes fiscaux visant à attirer les travailleurs hautement qualifiés. Voici un aperçu comparatif des principaux dispositifs.

Pays

Durée d’application

Mécanisme d’exonération

Conditions principales

France

Jusqu’à 8 ans

Exonération partielle sur les revenus liés à l’expatriation

Ne pas avoir résidé en France les 5 années précédentes

Belgique

5 ans (prolongeable 3 ans)

Exonération sur une indemnité équivalente à 30 % du salaire

Ne pas avoir résidé ni travaillé en Belgique pendant 5 ans

Pays-Bas

5 ans

Exonération dégressive sur une partie du salaire (30 %, 20 %, 10 %)

Avoir été recruté depuis l’étranger

Luxembourg

Jusqu’à 8 ans

Exonération forfaitaire de 50 % du salaire brut, plafonnée à 400 000 €

Recruté à l’étranger, avec résidence à plus de 150 km

 

Positionnement du Luxembourg

Avec une exonération simple, forfaitaire et relativement généreuse (50 % jusqu’à 400.000 € sur 8 ans), le Luxembourg se distingue par un régime clair et attractif, bien adapté à la concurrence européenne. Sa simplicité administrative et la lisibilité des critères en font un outil de compétitivité apprécié des employeurs et des talents internationaux.

6. Conclusion

Le nouveau régime des impatriés offre un cadre clair et attractif pour attirer des talents qualifiés au Luxembourg. Les entreprises disposent ainsi d’un levier efficace pour renforcer leur compétitivité. Malgré sa simplicité de mise en œuvre, nous recommandons de consulter un conseiller fiscal pour s’assurer du respect des conditions et la mise en application du régime.

En effet, si une simple déclaration suffit à profiter du régime, il est à rappeler que le contrôle par l’administration se fait à postériori, ce qui, en cas de manquement peut avoir des impacts significatifs pour les parties impliquées.

7. FAQ

a. Qui peut bénéficier du régime des impatriés ?

Les salariés recrutés à l’étranger ou détachés au Luxembourg, n’ayant pas été résidents fiscaux ni actifs professionnellement au Luxembourg au cours des cinq dernières années, et ayant résidé à plus de 150 km de la frontière luxembourgeoise.

 

b. Quel est le principal avantage fiscal ?

Le régime permet une exonération forfaitaire de 50 % de la rémunération annuelle brute comprise entre 75 000 euros (mini) et 400 000 euros (maxi), sur une durée maximale de 8 ans.

 

​​​​​​​c. Comment bénéficier du régime ?

L’employeur doit transmettre à l’Administration des Contributions Directes (ACD) une liste des salariés concernés. Aucun accord préalable n’est requis, mais un contrôle peut être effectué a posteriori.